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Cellules reproductives humaines issues de cellules souches : quels objectifs pour la recherche ?

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Mieux connaître les objectifs de la recherche dans le domaine des cellules humaines reproductives et des “embryos like structure »   permettrait de mieux réfléchir à la question de leur statut. Et de déterminer en quoi un assemblage de cellules embryonnaires créé à partir de cellules souches, embryo like structure, est différent d’un embryon dit « naturel » ? Impensable il y a encore quelques années, cette interrogation essentielle va de pair avec les avancées de la recherche dans la création de gamètes humaines et de cellules embryonnaires issues de cellules souches, c’est à dire sans fécondation. Les embryos like structures  sont des assemblages de cellules créés en laboratoire et qui reproduisent les premiers stades de développement d’un embryon. De telle assemblages ont déjà été créés à partir de cellules humaines, dans l’idée de « mimer » le développement d’un embryon humain. “Progress in the in vitro derivation of human gametes (eggs and sperm) continues to advance. Although a number of technical gaps remain to be overcome, partial reconstitution of human gamete production has been reported for both male and female pathways. Human primordial germ cell like cells (PGCLCs) can be created from induced pluripotent stem cells, “oogonia-like” cells have been derived in culture, and limited parts of the human sperm pathway have been achieved » constate la NASEM (Académies nationales pour le sciences, l’ingénierie et la médecine), aux Etats-Unis, à la veille d’un colloque consacré à cette question “In Vitro Derived Human Gametes as a Reproductive Technology: Scientific, Ethical, and Regulatory Implications(1).  En Europe et en France, le débat sur cette question essentielle semble  rester en sourdine. 

Are synthetic human-like embryo structures sufficiently different from human embryos created by fertilization to be exempt from the current limits on human embryo research

A plus court terme l’urgence réside dans la régulation, dont les modalités devraient découler de la réponse à cette question : “Are synthetic human-like embryo structures sufficiently different from human embryos created by fertilization to be exempt from the current limits on human embryo research? » se demande très justement Francoise Baylis, Université de Dalhousie (2). La question se pose en particulier pour l’interdiction de faire grandir au delà de 14 jours des embryons en laboratoire. Cette interdiction doit-elle être respectée au même titre par des embryons issus de cellules souches et des embryons « naturels » ? A la question de ce qui différencie un embryon crée à partir de cellules souches,  d’un embryon dit « naturel”, Francoise Baylis répond par une pirouette : “Presumably the truth of the matter will turn on whether the synthetic embryos can produce a live baby, but the only way to know this is to do the experiment“.

Embryos like structure : des assemblages de cellules embryonnaires

La recherche dans ce domaine n’est pas nouvelle (3).  La création de tels modèles d’embryons a déjà été réalisé, y compris à partir de cellules humaines. Mais la récente publication d’une expérience d’implantation de cellules embryonnaires issues de cellules souches, embryos like structures, chez une singe femelle,  en Chine, a alimenté le débat.  L’expérience chinoise constitue une première pour ce qui concerne le transfert pour réimplantation dans un utérus chez un mammifère. L’expérience, qui se déroulait jusqu’à présent in vitro, en laboratoire, s’est déroulée donc in vivo, dans le corps d’un mammifère. L’embryo like structure s’est développé 7 jours durant dans un processus qui ressemble au développement d’un embryon « classique ». L’objectif annoncé de l’expérience est une meilleure compréhension des premiers stades de développement d’un embryon, dans une perspective de santé humaine.  Certains observent pourtant que ce type de recherche se pratique déjà avec des embryons d’animaux issus de fécondation et posent la question de l’utilité pour la recherche en santé de la création d’embryons d’animaux sans fécondation et à partir de cellules souches. 

S’agit-il d’une meilleure compréhension du développement des embryons, de la fabrication d’organes, de lutter contre les pathologies et le vieillissement, de nouvelles solutions de médecine reproductive … ?Vraisemblablement un mélange de tous ces arguments. Mais en  définitive, dans ce domaine qui met en jeu le devenir humain, se pencher davantage, en amont, sur les objectifs et les intentions de la recherche parait primordial. Les commentaires, en aval,  autour des résultats de ces recherches et de leurs implications viennent dans un deuxième temps.

 

1 –  https://www.nationalacademies.org/event/04-19-2023/in-vitro-derived-human-gametes-as-a-reproductive-technology-scientific-ethical-and-regulatory-implications-a-workshop

2 – https://theconversation.com/creating-and-implanting-synthetic-monkey-embryos-could-pave-the-way-to-stem-cell-babies-20364

3 – Voir Anthropotechnie du 12 septembre 2022. 

Des cellules souches deviennent des fragments d’embryons… (2)

 

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