Une nouvelle étape dans l’interprétation de l’action des gènes pourrait être franchie. Une influence génétique dans le domaine des apprentissages des enfants vient d’être observée par des chercheurs…en dehors de toute transmission biologique. Qualifiée de Genetic Nurture (1), cette idée traduit le fait que les variants génétiques des parents pourraient façonner un enfant, non pas par une influence directe, mais par les changements qu’ils occasionnent autour de l’enfant : “Sequence variants in the parental genomes that are not transmitted to a child (the proband) are often ignored in genetic studies. Here we show that nontransmitted alleles can affect a child through their impacts on the parents and other relatives, a phenomenon we call “genetic nurture” expliquent les auteurs de l’étude. Les gènes des parents pourraient ainsi influencer significativement le devenir cognitif de leurs enfants en dehors de toute transmission biologique des gènes. 

A l’ère post-génétique contemporaine, la complexité de la transmission génétique avait été révélée avec l’idée d’une régulation épigénétique dans le développement des être vivants. L’épigénétique comme domaine de recherche a été définie en 2014 par le biologiste Michel Morange  comme” l’étude des modification chimiques réversibles de l’ADN (par méthylation) et des protéines qui l’entourent (les histones), ayant pour effet de modifier l’activité (l’expression) des gènes“(2). 

Aujourd’hui il semblerait que la complexité de l’apport génétique réside non seulement dans sa régulation mais aussi dans ses modes de transmission. Le rôle majeur de l’environnement – au sens large, c’est à dire tout ce qui vient concourir aux expériences- dans le développement des enfants, leurs caractéristiques et leur comportement,  se voit une fois encore confirmé. 

(1) The nature of nurture: Effects of parental genotypes. Science, 26 janvier 2018. http://science.sciencemag.org/content/359/6374/424

(2) Michel Morange. L’épigénétique. Etudes, 2014/11 Tome 420, pp. 45-55. https://www.cairn.info/revue-etudes-2014-11-page-45.htm