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Quand les AirPods enregistreront l’activité cérébrale : les vastes enjeux des neurotechnologies

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Des oreillettes de type AirPods (airbuds) sont aujourd’hui mises au point (1) pour capter les ondes cérébrales,  pour en déduire des états émotionnels et des niveaux de vigilance. Entre surveillance des écoliers ou de conducteurs d’engins, profilages intempestifs en entreprise et perspectives de manipulations mentales, le champ des enjeux éthiques des neurotechnologies ne cesse de s’élargir,  à mesure que de nouveaux dispositifs non invasifs et miniaturisés (2) arrivent sur le marché.  Dans son livre The Battle for your brain. Defending the right to think freely in the age of neurotechnology, Nita Farahany, professeur de droit, Duke University, dresse un saisissant tableau de l’ensemble de ces dispositifs très faciles à utiliser aussi bien pour le tracking que pour  le hacking du cerveau. 

Placés dans les oreilles (airbuds), sur un muscle (EMG, electromyographie) ou sur le crâne (EEG, électroencéphalogramme), des électrodes ouvrent en quelque sorte des “fenêtres” sur l’état du cerveau et sur les instructions que celui-ci envoie au reste du corps. Dans le domaine de la santé, ces neurotechnologies pourraient offrir la possibilité d’anticiper des accidents cérébraux et de détecter des signaux précédant la maladie de Parkinson ou la schizophrénie ou encore des crises d’épilepsie, explique N. Farahany.  Si elles existent depuis des décennies, ces neurotechs, de plus en plus performantes, sont connectées à des ordinateurs équipés d’algorithmes spécialement mis au point pour interpréter les données cérébrales. L’interprétation et la conservation des données, en particulier par des employeurs, des assurances ou des états pose évidemment problème : « En Chine des conducteurs de train de la ligne à haute vitesse Beijing-Shanghai, la plus dense du monde, doivent porter des dispositifs d’EEG (… ) afin de s’assurer de leur vigilance et de leur état d’éveil. Selon d’autres nouvelles sources, des ouvriers d’usines contrôlées par l’Etat doivent s’équiper de capteurs EEG afin de surveiller leur productivité et leurs états émotionnels … » (3) précise N. Farahany. 

N. Farahany met en lumière la nécessité de se pencher, en consequence, sur cette valeur fondamentale que représente la liberté cognitive,  qu’elle définit comme «the right to self détermination over our brains and mental experiences ». Le concept de liberté cognitive a émergé il y a quelques années dans le cadre d’une réflexion sur la régulation des neurotechnologies amorcée en particulier dans le cadre de l’OCDE (4) et reste à interpréter par rapport aux autres notions que constituent la liberté de pensée et le droit au respect de la vie privée.

Nita A. Farahany. The Battle for your brain. Defending the right to think freely in the age of neurotechnology. New-York : Saint Martin’s Publishing Group, 2023.

 

 

1- Notamment par les sociétés Emotiv et NextSense .

2 – Le sujet des neurotechnologies implantables, invasives, qui nécessitent pour leur installation une intervention chirurgicale, proposées par exemple par les sociétés Neuralink ou Synchron, n’est pas traité ici. 

2 – Traductions de la rédaction.

4 – http://https://www.oecd.org/science/recommendation-on-responsible-innovation-in-neurotechnology.htm 

 

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