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iHuman : le potentiel des interfaces neuronales est sous-estimé.

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Les enjeux des interfaces neuronales ont été jusqu’à présent sous-estimés, aussi bien dans le domaine médical que pour des applications aux personnes en bonne santé. L’impact sur la société de l’utilisation de ces dispositifs électroniques sera beaucoup plus important que prévu, voici en substance ce qu’affirment les auteurs du rapport remarqué :   iHuman. Blurring lines beween mind and machine. Publié par The Royal Society, académie britannique indépendante, le rapport fait un point complet – éthique, politique, social et commercial- sur l’avancement et les perspectives  liées à ces technologies, certaines invasives d’autres non,  qui autorisent des interactions entre le cerveau humain et des machines/algorithmes. Et qui laissent entrevoir la possibilité d’accéder aux pensées et de connaître les humeurs d’une personne, en dehors de son consentement. 

Le marché des interfaces neuronales recèle, pour les auteurs, des bouleversements aussi importants que ceux qui ont suivi l’avènement des ordinateurs dans les années 70. Aujourd’hui ces technologies restent émergentes et les perspectives d’utilisation obscures pour le grand public : “neural interfaces are like computers in the 1970’s : innovation and investment will lead to smaller, more powerful and more usable devices“.  Sont néanmoins déjà utilisés : des implants cérébraux invasifs pour traiter la maladie de Parkinson, des implants cochléaires, des casques EEG (électroencéphalogramme) pour des jeux vidéos, ou encore des dispositifs de stimulation cérébrale pour booster la mémoire ou la concentration. Le rapport désigne comme applications futures potentielles le contrôle “télépathique” d’ordinateurs et autres appareils, la communication de cerveau à cerveau (y compris pour les pensées complexes) ou encore le monitoring de l’activité cérébrale dans des objectifs de santé.

La question de fond soulevée par ce rapport est de savoir si, face à la puissance des nouvelles technologies autorisant les interface neuronales, le cerveau doit continuer d’être considéré, du point de vue de la régulation, comme un organe comme les autres (1) .  Des voix se sont fait entendre au sein du Conseil de l’Europe pour appeler à un encadrement spécifique des pratiques émergentes. Un protocole additionnel à la Convention d’Ovidéo a par exemple été envisagé. Ces voix n’ont pour l’instant pas été entendues. Parmi les risques évoqués : une surenchère de droits et un renforcement du scepticisme à l’égard des droits fondamentaux. Il semble pour l’instant préférable aux dirigeants de l’institution européenne de renforcer la mise en œuvre des droits existants. L’idée d’une justice cognitive fait néanmoins son chemin (2), entre équité dans l’accès à ces nouvelles technologies, préservation d’une liberté cognitive et les notions complexes d’identité/authenticité dans le fonctionnement cérébral d’une personne.

Quand la technologie s’immisce dans le cerveau, ce dernier doit-il bénéficier de nouvelles protections ? Le sujet est brûlant, car entre iHumain et  inHumain, il n’y a finalement que l’épaisseur d’un “n”.

 

 

 

(1) Voir article du 25 mars 2019 de ce blog Encephalogramme plat pour la politique du cerveau

(2) Elisabeth de Castex « Pour une justice cognitive : l’amélioration biomédicale de l’attention des enfants », Revue française d’éthique appliquée, vol. 3, no. 1, 2017, pp. 91-103.https://www.cairn.info/revue-francaise-d-ethique-appliquee-2017-1-page-91.htm

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