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Encadrer le développement de cellules embryonnaires humaines en laboratoire (1)

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Early in development, human embryos form a structure called the blastocyst. Two research groups have now generated human blastocyst-like structures from cells in a dish, providing a valuable model for advancing human embryology (1). Ces assemblages de cellules embryonnaires humaines, ressemblant aux blastocystes, sont nommés « blastoïdes », le suffixe « oïde” indiquant une ressemblance. Issus de cellules souches,  sans fécondation, les blastoïdes constituent des modèles pour la recherche en laboratoire. Ces nouvelles expérimentations remettent au premier plan de l’actualité scientifique la question de savoir combien de temps il est acceptable de laisser se développer des cellules embryonnaires humaines, quelle que soit leur origine, en laboratoire. 

Depuis une quarantaine d’année, la limite au développement des embryons humains en laboratoire (embryons surnuméraires utilisés pour la recherche) est fixée à 14 jours.  Cette limite est largement admise et, pour certains pays, formalisée dans des textes. Des raisons d’ordre moral correspondent à cette limite  : « the ’14-day rule’, initially proposed in 1979 in the USA, was first recommended in the UK by the Warnock Committee in 1984. It limits research on intact human embryos to ‘prior to 14 days’ gestation or the beginning of primitive streak formation’ and is part of the Human Fertilisation and Embryology Acts of 1990 and 2008 (HFE Acts) » explique Sophia McCully dans la revue britannique BioNews (2). Le généticien Henri Atlan apporte les précisions suivantes : «jusqu’à la deuxième semaine, … les cellules produites par division successives à partir de l’œuf fécondé ne sont pas encore différenciées entre celles qui produiront le placenta et les enveloppes amiotiques d’une part (.. ) et celles qui se différencieront et formeront les tissus et organes de l’embryon proprement dit »(3).

 Aujourd’hui certains se demandent s’il faut franchir cette barrière que représente le 14 ème jour du développement des embryons :  « a key scientific body is ready to do away with the 14-day limit…. The International Society for Stem Cell Research has prepared draft recommandations to move such research out of a category of « prohibited » scientific activities and into a class of research that can be permitted abetter ethic review and depending on national regulations, according to several people familiar with its thinking » annonce Antonio Regalado, dans le MIT Review (4). La limite pourrait être alors portée à 28 jours, avec l’argument que cette période est cruciale pour la compréhension du développement de l’individu : « the ‘black box’ period is when the basic body plan and the formation of critical cell types, tissues, and some organs is initiated. These include germ cells, which are not only essential for the next generation, but are also the early progenitors of the nervous system, blood cells and the heart, and the placenta. It is known that even a subtle defect can have a devastating effect on subsequent development. While we know something about how these develop in model organisms such as the mouse, there are clear differences with human embryos, making it difficult to infer results between species. We also can’t yet rely on new stem cell-based models of early human embryos without first carrying out detailed comparisons with the real thing» détaille S. McCully.  Un horizon de recherche un peu différent pourrait aussi se dessiner, lié aux avancées dans le domaine de la génomique : «others believe the long terme growth of normal embryos, or embryos models, would crate a platform to explore te genetic engineering of humans. More fully developed embryos could be used to study the consequences of gene editing and other type of modifications» ajoute A. Regalado. 

Comme souvent dans le domaine de la bioéthique,  ces recherches inédites visent à mieux comprendre la genèse du corps humain, pour mieux en soigner les dysfonctionnements, ici dans les premiers jours de la vie. Si l’objectif médical en lui-même parait indiscutable, la question des moyens pour y arriver reste évidemment sujet à débat. D’autant que viennent se greffer d’autres interrogations qui « …concerne les organoïdes en tant qu’ils pourraient être considérés comme des individus (ce qui pourrait concerner les gastruloïdes), soit dans la mesure où ils possèderaient des propriétés pertinentes pour l’attribution d’un statut moral, comme la sensibilité (ce qui pourrait concerner les cérébroïdes) », selon les termes d’un rapport publié à ce sujet en 2020 par le comité d’éthique de l’INSERM (7). Des questions qui concernent cette fois l’ensemble de la famille des organoïdes. 

 

1- Yi Zheng. Jianping Fu. First complete model of the human embryo. Nature. Mercredi 17 mars.

Florence Rosier. Des modèles d’embryons humains produits à partir de cellules souches. Le monde. Mercredi 17 mars. 

2  – Sophia McCully. The 14-day limit should be extended to 28 days.  BioNews. 15 February 2021  Antonio Regalado.

3 – Henri Atlan. L’utérus artificiel. Paris : Seuil, 2005. P.74-75. p. 56.  

4 – Antonio Regalado. Scientists plan to drop the 14-day embryo rule, a key limit on stem cell research. MIT Review. 16 mars 2021.

5 –  La recherche sur les organoïdes: quels enjeux éthiques ? Note de l’INSERM. Avril 2020

https://www.inserm.fr/recherche-inserm/ethique/comite-ethique-inserm-cei/groupes-reflexion-thematique-comite-ethique

 

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