Lien copié

Le marché des vêtements connectés : un début difficile

Share On Facebook
Share On Twitter
Share On Linkedin

Rares sont les objets qui ne seront pas connectés d’ici quelques années. Une firme française vient même de lancer son jean connecté. Sur  un marché mondial de 50 milliards d’objets connectés, d’ici 2020, les objets “wearable”  (objet connecté à porter sur soi) tels que les vêtements,  représenteraient moins de deux milliards d’euro de revenu. En France aussi, ce marché peine à décoller, malgré des applications de plus en plus concrètes. Pourquoi ce secteur d’avenir peine-t-il à séduire les consommateurs? 

Si aux Etats-Unis, 12% des adultes se disent prêts à porter des vêtements connectés, le public français se montre plus récalcitrant. La raison ?  Ils se demandent quelle en est l’utilité. Simples gadgets pour certains, futur du textile pour d’autres, les vêtements connectés sont dans le flou. De nombreuses interrogations surgissent quant à l’entretien de tels objets : comment les laver? Sont-ils résistants aux chocs? Face à tant de questions pratiques, le consommateur préfère se tourner vers des produits textiles traditionnels dont l’utilisation ne confère aucun risque.  Parmi les objets connectés vendus en 2014, les “accessoires” les moins intrusifs, les montres ou les bracelets se vendent le mieux.  Le succès très relatif de l’IWatch d’Apple illustre quand même la frilosité des consommateurs  en matière d’objets connectés, pour une question de prix autant que par crainte du détournement des informations personnelles collectées. 

Qu’un téléphone connaisse tout de notre vie, le consommateur n’en voit pas le problème. Mais que des lunettes ou un bonnet en fassent de même, là est toute la crispation.  De nombreuses informations quotidiennes pourraient être sauvegardées par ces objets. Étrangement, cette dernière appréhension ne semble pas beaucoup ralentir l’usage des smartphones.  Pour cette question de transparence de l’usage des données, le problème du manque de gouvernance mondiale reste un frein au développement du marché. La France est relativement protégée par la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés veille.  Le manque de contrôle des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) ainsi que les derniers scandales sur la sécurité de leurs serveurs,  le problème des mails piratés de Yahoo, ne servent pas leur cause. Certaines firmes demandent désormais l’accord aux consommateurs de tels vêtements pour collecter les données, en accord avec le vieil adage : “nul ne peut être lésé que s’il y a consenti au préalable”.  Malgré cette “naïveté” concernant nos smartphones, l’inquiétude quant à l’usage des données n’est pas illégitime. Si ces informations sont destinées a priori à des fins commerciales, d’autre usages ne peuvent évidemment être exclus. Aujourd’hui les GAFA ne se montrent pas enclins à coopérer avec les gouvernements pour communiquer des informations personnelles, afin de conserver la confiance que leurs clients ont pu placer en eux. Le FBI a réussi à débloquer un iPhone malgré le désaccord d’Apple, preuve que les craintes des consommateurs ne sont pas injustifiées. 

Si la demande de vêtements connectés peine à émerger, l’offre inonde le marché. Dans des secteurs industriels souvent en pleine crise structurelle, ces nouveaux domaines de productions sont vus comme une aubaine. Sont alors mis en place de nombreux plans d’action dont les Investissements d’Avenir lancés par le gouvernement français. Le textile fait partie des 34 domaines prioritaires et ciblés par ce plan national. Les grands acteurs classiques du secteur n’hésitent pas  à investir massivement dans les vêtements intelligents et les partenariats entre la mode et les technologies sont de plus en plus fréquents. Si tout est mis en place au niveau de l’offre pour faire décoller la production, la demande ne suit malheureusement pas. Pour donner une réelle impulsion à ce secteur prometteur, il faudra sans doute apporter des réponses aux inquiétudes légitimes  des consommateurs. 

0 commentaire

Commenter

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Champs obligatoires*