La question du jour concerne des cellules souches humaines, ou organoïdes cérébraux, qui imitent le cerveau humain et aident en cela à modéliser des maladies. Est-il justifié d’implanter des organoïdes cérébraux d’origine humaine dans des cerveaux de rats ? Posée aujourd’hui dans le magazine Science, https://www.science.org/content/article/lab-grown-models-human-brains-are-advancing-rapidly-can-ethics-keep-pace la question était exactement la même, il y a de cela trois ans, en 2022, dans le magazine Nature https://www.anthropotechnie.com/apport-dorganoides-cerebraux-humains-a-des-mammiferes-une-lisiere-troublante-et-troublee/ La réponse à cette question est donc négative : la réflexion éthique a peu progressé à travers le monde et le débat public est au point mort, alors même lorsqu’il est question d’un franchissement de la barrière des espèces entre les humains et les animaux.
En France, si la dernière loi de bioéthique (article 17) a interdit l’adjonction de cellules animales à un embryon humain (et autorise l’inverse), le texte n’évoque pas le cas du transfert d’organoïdes cérébraux vers des animaux. Or ce transfert pose des questions spécifiques concernant les réactions à des stimulis, à la douleur par exemple. Si de tels organismes devaient évoluer, certains soulèvent l’hypothèse de l’émergence de formes d’intelligence ou de conscience : “La communauté scientifique s’accorde à dire que les modèles de cérébroïdes ou d’assembloïdes développés à l’heure actuelle ne présentent pas de signes de conscience. Si la technique venait à évoluer, cela soulèverait certainement la question de l’admissibilité de la transplantation d’une entité consciente dans une autre” est-il indiqué dans la Lettre de l’Agence de la Biomédecine (N°4), consacrée aux organoïdes de cerveau https://back.agence-biomedecine.fr/uploads/4_lettre_de_la_biomedecine_661d396a0d.pdf.
En résumé, il s’agit dans ce débat de déterminer :
- Si ces pratiques sont justifiées par la perspective de nouveaux traitements médicaux, par exemple le traitement de maladies psychiatriques, du virus Zika … ?
- Dans quelle mesure le franchissement de la barrière des espèces est admissible, par exemple dans le cas de l’apport d’organoïdes de cerveau humain dans des cerveaux de rats ?
La dispersion d’éléments origine humaine, rendue possible par les technologies du vivant, mériterait sans doute un plus large débat public.
Apport d’organoïdes cérébraux humains à des mammifères : une lisière troublante et troublée.
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