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Vincent Le Biez : la vie n’est pas une équation à résoudre.

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Si « la vie n’est pas une équation à résoudre»,  le dialogue entre la science et la philosophie implique de considérer la science comme une culture, estime Vincent Le Biez. L’une apprend de l’autre : «la culture scientifique qui nous dit quelque chose de la réalité du monde, et les humanités qui nous disent quelque chose de ce que nous sommes » déclare t-il. Pour l’auteur de Platon a rendez-vous avec Darwin, il est indispensable de cesser d’opposer d’un coté un monde inanimé et déterministe –  régi par les lois “trop simples” de la physique newtonienne, et de l’autre le monde du vivant humain, animé d’individus dotés de libre arbitre –  en oubliant que ce libre arbitre repose sur un substrat matériel. Gardant ses distances à l’égard de toute vision qui serait dualiste de l’humain et de la nature,  s’appuyant sur les travaux d’Ilya Prigogine et d’Isabelle Stengers,  il défend l’idée que «l’apport intellectuel et culturel des sciences modernes n’est pas suffisamment considéré ».

Ce point de vue se décline en théorie politique : « J’ai toujours été un peu gêné avec les pensées politiques qui m’apparaissaient comme trop déterministes, trop providentielles … ou à l’inverse avec une vision plus négative qui nous dirait que nous sommes condamnés au déclin… il faut redonner toute sa place à la contingence, et donc au chemin plus qu’à la destination ». Voilà quelle est la meilleure manière pour V. Le Biez, de réfléchir aux grands problèmes de la philosophie politique que sont l’ordre, le progrès, les frontières… avec l’éclairage de phénomènes naturels tels que l’entropie, l’évolution et les membranes, etc. Il discute et conteste la pertinence de l’analogie entre la théorie de l’évolution (dans son interprétation lamarkienne) et l’organisation des systèmes politiques. Cette analogie, assortie d’une vision téléologique du vivant que constitue la pensée finaliste de la flèche du temps –  a conduit «dans le champ politique une pensée finaliste et progressiste. Les sociétés seraient mues par une force interne leur permettant de se développer sur les plans technique, économique, social et moral. Leibnitz, Hegel ou encore Marx ont développé cette idée d’un mouvement inexorable ». Le fond du débat serait donc pour V. Le Biez ailleurs, non pas dans la certitude (lamarkienne) du progrès mais plutôt dans sa fragile (et darwinienne) possibilité.

Vincent Le Biez. Platon a rendez-vous avec Darwin. Paris : Les belles Lettres, 2021.

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