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Panthropie ou terraformation : comment vivre dans l’espace ?

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La vie dans l’espace passera t-elle davantage par la “panthropie” ou par la « terraformation” ? Deux pistes s’affrontent en effet dans la manière de rendre possible la vie humaine dans l’espace.  Une piste classique passe par  la « terraformation » de planètes qui vise à en modifier l’environnement pour les rendre habitables. Une autre piste vise une transformation technologique et/ou génétique du corps humain, assez importante pour lui permettre de vivre en dehors de l’atmosphère terrestre.  Initié dans des scénarios de science-fiction, ce débat semble aujourd’hui en déborder…

Comment rendre possible une vie humaine en dehors de l’atmosphère terrestre, que ce soit à bord de stations spatiales ou sur d’autres planètes (peut-être dans leur sous-sol), ou encore pour être en mesure d’y travailler à l’exploitation de minerais?Dans tous ces cas, l’incapacité du corps à supporter l’absence d’atmosphère terrestre pourrait contrecarrer les ambitions des entrepreneurs du New Space, les nouveaux projets de conquête privée de l’espace, portés par Jeff Besos et Elon Musk.  La panthropie, l’adaptation du corps humain à des séjours dans l’espace pourrait alors constituer l’un des points-clés du « destin cosmique de l’humanité » (1). 

L’idée d’une panthropie n’est pas nouvelle, elle a déjà développée dans les années 1960 à travers le concept de cyborg, un organisme biologique dont la physiologie serait modifiée par de multiples technologies, assez transformé pour supporter la vie dans l’espace. Dans un article intitulé Cyborgs and Space, rédigé à la demande de la NASA et publié dans dans la revue Astronautics en 1960,  Manfred E. Clynes et Nathan S. Kline y analysaient toute une série de possibles obstacles à la vie humaine dans l’espace et l’amorce de solutions technologiques pour chacun d’entre eux : « wakefulness, radiation effects, metabolic problems and pypothermic controls, oxygenization and carbon dioxide removal, fluid intake and output, enzyme systems, vestibular function, cardiovascular control, muscular maintenance, perceptual problems, pressure, variations in external temperature,  gravitation. magnetic fields, sensory invariance and action deprivation, psychoses, limbo » (3). En 1967 « l’écrivain américain James Bish (…) a été le premier à inventer un mot pour cela : pantropy (panthropie en français). Dans une série de nouvelles visionnaires réunies sous le titre Semailles humaines, il a mis les choses en perspective : quels seraient les avantages de la panthropie pour l’expansion dans le cosmos ; comment réagiraient les humains classiques confrontés aux transformés ; que resterait t-il, au long terme,  de notre humanité ; les nouveaux hommes conserveraient-ils une affinité avec le vieil homo sapiens ? »(3) racontent Alain Dupas et Charles Chatelin dans un livre publié récemment, Le destin cosmique de l’humanité, évoquant les nouvelles de J. Blish et ses organismes humains assez modifiés pour vivre sous l’eau, ou sur des planètes à forte gravité. Dans la transformation de l’humain en un être cosmique, tout est “une question d’intelligence et de temps » concluent les auteurs. 

Plus près de nous, dans quelques semaines, l’astronaute français Thomas Pasquet dirigera des expériences  à ce sujet lors de son prochain séjour à bord de l’ISS (Station Spatiale Internationale). Les recherches porteront sur des organoïdes de cerveaux, crées à l’Institut Pasteur : «  il s’agit de petits ensembles de cellules de peau reprogrammés en cellules nerveuses qui, cultivées dans des boîtes de Petri, se comportent un peu comme des cerveaux en développement. Un séjour dans l’ISS provoquant un vieillissement accéléré mais réversible, il offre une occasion inédite d’étudier ce processus en observant la manière dont ces organes miniatures vont être affectés » est-il expliqué dans l’hebdomadaire Le Point (2). Après 30 jours dans l’espace, l’analyse des organoïdes de cerveaux devrait permettre de lever un peu le voile sur les effets de la micropesanteur et des radiations sur le cerveau des humains. D’autres recherches ont déjà été menées à bord de l’ISS, par exemple celles portant sur la comparaison physiologique de deux jumeaux, l’un après un séjour d’un an à bord de l’ISS et l’autre resté sur Terre (4). 

 

1 et 4 – Alain Dupas. Charles Châtelain. Le destin cosmique de l’humanité. Paris : Odile Jacob, 2020. P. 217.

2- Chloé Durand-Pareti. Un laboratoire dans les étoiles. Le Point. 25 mars 2021. p. 73 et p. 221. 

3 – MANFRED E. CLYNES AND NATHAN S. KLINE. Cyborgs and Space. (Reprinted with permission from Astronautics, September 1960). https://archive.nytimes.com/www.nytimes.com/library/cyber/surf/022697surf-cyborg.html

4 – MARKUS LÖBRICH, PENNY A. JEGGO. Hazards of human spaceflight. A 1-year mission in space has many biological consequences. SCIENCE  : 127-128. https://science.sciencemag.org/content/364/6436/

 

 

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