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Gamètes humaines fabriquées en laboratoire : faut-il en débattre dès maintenant ?

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La recherche sur la gametogenèse progresse rapidement, en partie grâce à un intérêt commercial marqué et à des investissements importants dans ce domaine. Même si nous ne savons pas quand – ni même si – les gamètes humains pourront être créés in vitro, les implications sociétales potentiellement importantes et les questions éthiques soulevées méritent d’être examinées de manière proactive” estime Ranveig Svenning Berg, du Nuffield Council on Bioethics, organisme de recherche privé.  La question qui se pose aujourd’hui est donc la suivante  : est-il temps aujourd’hui de débattre publiquement de l’hypothèse du recours, pour la reproduction humaine, à des ovules et spermatozoïdes crées en laboratoire à partir de cellules souches (voir la note de recherche de la Fondapol https://www.fondapol.org/etude/luterus-artificiel-et-la-reproduction-humaine/), alors que cette nouvelle technologie, n’en est encore qu’aux premiers stades du développement clinique. Serait-il trop tôt pour en débattre au motif que l’état de la recherche ne permet pas d’affirmer avec une certitude absolue que ces “pseudos gamètes” verront le jour ? Ou au contraire serait-il indispensable d’en débattre rapidement, avant que des usages liés à ces “pseudos gamètes” ne soient déjà installées, et donc puissent difficilement être abandonnées ? 

Dans le domaine de la fabrication de gamètes humaines, comme souvent dans les domaines de bioéthique, outre-manche, les chercheurs exposent les enjeux rapidement et sans détours https://www.nuffieldbioethics.org/news-blog/new-report-identifies-key-ethical-and-policy- . En France, si un débat est organisé à ce sujet le jeudi 2 octobre dans le cadre des Rencontres de la Biomédecine (Agence de la biomédecine), peu de voix s’élèvent pour appeler à un débat public. Au Royaume-Uni, le rapport du Nuffield Council on Bioethics résume les enjeux de la manière suivante : “Si l’IVG (gamétogenèse in vitro) était considérée comme éthiquement acceptable, sûre et efficace pour une utilisation en procréation assistée, elle pourrait contribuer à améliorer et élargir les options de traitement, en offrant aux personnes de nouvelles façons d’avoir un enfant. Par exemple, l’IVG pourrait constituer une alternative moins contraignante aux pratiques actuelles de prélèvement d’ovocytes dans le cadre de la FIV classique. Elle pourrait également permettre à des couples de même sexe d’avoir un enfant génétiquement lié aux deux parents. Enfin, elle pourrait être utilisée pour augmenter le nombre d’embryons disponibles pour le diagnostic génétique préimplantatoire (DPI) — un processus qui consiste à vérifier les embryons pour détecter certains traits ou conditions génétiques avant leur utilisation dans un traitement de fertilité. Cependant, le rapport souligne des préoccupations éthiques majeures concernant les conséquences involontaires, telles que la possibilité que l’IVG et les technologies de dépistage soient utilisées pour sélectionner des caractéristiques chez les embryons humains autres que celles liées à la santé (par exemple, l’apparence ou d’autres traits”.

Les appétits d’un marché de la reproduction humaine, qui s’élèverait aux Etats-Unis à plusieurs milliards de dollars  https://petrieflom.law.harvard.edu/2025/02/04/egg-donation-a-victory-for-reproductive-justice-or-another-handmaids-tale/ pourrait bien accélérer les processus de développement, et prendre de court la réflexion éthique. 

 

 

 

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