La pensée créative est indispensable pour s’adapter au changement et pour le provoquer. Peut-on imaginer un jour de si bien comprendre les ressorts de la créativité, qu’il deviendrait possible de la favoriser dans les processus de développement des individus ?
Deux chercheuses, INSERM/Institut du Cerveau, Alizée Lopez-Persem et Emmanuelle Volle, cherchent à savoir pourquoi certaines personnes préfèrent des idées originales et d’autres des méthodes et processus plus familiers. Ces travaux (1) pourraient contribuer à de nouvelles perspectives dans l’émergence de la créativité chez les individus : « dans le futur, nous espérons définir différents profils de créativité, à mettre en relation avec le domaine d’activité des personnes. A-t-on des préférences créatives différentes si on est architecte, ingénieure logiciel, illustrateur, technicienne ? (..) Quels environnements favorisent la créativité, et lesquels l’inhibent ? Enfin, pourrait-on modifier, rééduquer notre profil créatif via des exercices cognitifs pour correspondre à des ambitions ou des besoins personnels ? Toutes ces questions restent ouvertes pour le moment, mais nous avons la ferme intention d’y répondre » expliquent les chercheuses.
Qu’est ce que la créativité ? Pour A. Lopez-Persem, « la créativité peut être définie comme la capacité à produire des idées originales et pertinentes dans un contexte donné, pour résoudre un problème ou améliorer une situation. C’est une compétence clé pour s’adapter au changement, mais aussi pour le provoquer”. Dans ce domaine, le rôle clé de la motivation, c’est à dire nos préférences, est connu.
“Modéliser le processus créatif comme une suite d’opérations qui font intervenir des réseaux cérébraux distincts ne correspond pas vraiment à une conception populaire de la créativité, que l’on représente généralement comme un élan qui nous saisit, nous transporte et nous dépasse. L’équipe d’Emmanuelle Volle estime pourtant que la créativité possède trois dimensions fondamentales que l’on peut modéliser grâce à des outils mathématiques : l’exploration, qui repose sur les connaissances personnelles et permet d’imaginer des options possibles ; l’évaluation, qui consiste à jauger les qualités d’une idée ; et la sélection, qui permet de choisir l’idée qui sera verbalisée. Pour comprendre les relations réciproques entre ces trois dimensions, les chercheurs les ont reproduites dans un modèle computationnel – qu’ils ont ensuite confronté au comportement réel d’individus recrutés pour l’étude. Via la plateforme PRISME de l’Institut du Cerveau, 71 participants ont été invités à passer des tests d’association libre, qui consistent à apparier des mots de la manière la plus audacieuse possible. Ils devaient ensuite évaluer à quel point ils aimaient ces associations d’idées, et si elles leur semblaient pertinentes et originales” détaille l’Institut du Cerveau.
1 – Comment nos gouts influencent notre créativité ? Institut du Cerveau. Mis en ligne le 14 août 2023.
2 – Lopez-Persem, A. et al., How subjective idea valuation energizes and guides creative idea generation, American Psychologist, 14 août 2023. https://doi.org/10.1037/amp0001165
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