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Algorithmes de traduction : plus besoin d’être polyglotte ?

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Do you speak English ? Sprechen Sie Deutsch ? 你说汉语吗? Parla italiano ? Parlez-vous français?

Et s’il n’était bientôt plus nécessaire d’être polyglotte pour communiquer ?  Chacun de nous a un jour rêvé de comprendre une langue étrangère sans l’avoir apprise. C’est maintenant –presque- possible grâce à des algorithmes puissants.

En Allemagne, Alexander Waibel, professeur au Karlsruhe Institut für Technologie a déjà fait de ce rêve une réalité. Il est parti du constat que les amphithéâtres des universités allemandes se vident, pourtant, selon lui, la qualité des cours dispensés n’est pas à mettre en cause. Si les étudiants préfèrent aller faire leurs études au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, c’est avant tout parce qu’ils n’ont pas à apprendre une nouvelle langue, l’anglais étant largement répandu. Alexander Waibel a donc lancé un programme de traduction automatique et simultanée, qui permet à tous les étudiants, germanophones ou non, de suivre les cours en temps réel.

De la reconnaissance vocale à la traduction automatique

Le logiciel fonctionne grâce à la reconnaissance vocale, c’est-à-dire grâce à la capacité des ordinateurs à transformer la parole en texte. La voix est décomposée par une machine en différentes fréquences : les phonèmes. Ils sont alors mis bout à bout par un décodeur pour former des mots, puis des phrases. La retranscription d’une phrase peut prendre environ ½ seconde.

La deuxième étape est la plus complexe : la traduction par la machine dans une autre langue. Pour que cela soit réussi, les chercheurs font appel au machine learning et à d’énormes calculateurs qui vont piocher sur internet plusieurs milliers de textes déjà traduits par l’homme et les recoupent entre eux. Le logiciel de traduction croise ensuite ces données avec les phrases qu’il doit traduire. En multipliant les sources, les ordinateurs essayent de se rapprocher le plus possible de la traduction parfaite.

Les limites des algorithmes

Si cela fonctionne relativement bien avec des phrases et des mots simples, la traduction est beaucoup plus compliqué dès qu’il y a une expression idiomatique. Les algorithmes, aussi puissant soient-ils, sont incapables de comprendre certaines expressions propres à une langue sans en défigurer le sens.

Pour repousser les limites de ces logiciels, il faudrait que l’homme apprenne à mieux parler à la machine, car pour l’instant, la traduction repose sur des probabilités. L’ordinateur choisit, en fonction des données qu’il trouve, la combinaison qui lui semble la plus probable, mais probable ne veut pas dire juste.

Polyglottisme en danger ?

Le logiciel de traduction automatique  pourrait-il ainsi mettre fin à l’apprentissage des langues étrangères ? Pas de risque pour Christian Stonner, professeur d’allemand à l’ESIT (l’Ecole supérieure d’interprètes et de traducteurs) dans la mesure où apprendre une langue ne se borne pas à la traduire mot à mot. Apprendre à parler dans une autre langue, c’est aussi apprendre à penser autrement, s’imprégner d’une autre culture et voir les choses différemment.

Si nous devenions monolingues, nous perdrions beaucoup, à commencer par la santé de notre cerveau. Des études ont montré que parler plusieurs langues active neurones et synapses, et retarde la sénescence de nos petites cellules grises. Etre polyglotte permettrait même de retarder la maladie d’Alzheimer. C’est d’ailleurs ce qu’explique Mia Nacamulli, professeur et spécialiste de la communication dans une vidéo TED-Ed.

Même si les logiciels de traduction automatique deviennent de plus en plus performants, ils ne remplaceront jamais l’intérêt et la richesse de parler plusieurs langues.  Et si l’on n’a pas eu la chance de naître dans un milieu multilingue, il n’est jamais trop tard pour commencer l’apprentissage d’une langue ! Andiamo !  ¡Suerte y ánimo!

 

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