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Quelle « autorité » pour l’AI ? L'anthropomorphisme en question (2)

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De quelle type d’autorité disposent, auprès des humains, les dispositifs animés par des intelligences artificielles (AI) ?  Thierry Ménissier, professeur de philosophie, Université Grenoble Alpes,  examine les contours de cette autorité, fondée sur la confiance,  dont paraissent être investies certaines formes d’intelligence artificielle. Il s’attache à analyser les ressorts de ce lien quelque peu anthropomorphique, qui gagne du terrain dans les interactions entre les machines et les humains. T. Ménissier suggère que «  cette confiance conditionne l’essor d’un nouveau genre d’autorité lié à l’efficience technologique », notamment une expertise qui s’appuie sur les données. Au delà d’un intéressant questionnement sur la manière dont la notion de confiance peut s’appliquer ou non à des AI en dépit de  l’opacité de leur fonctionnement, sur des rapports qu’entretiennent les notions de confiance et de fiabilité, l’auteur suggère qu’ “une crise de l’agentivité/responsabilité humaine est susceptible de se produire, avec des expressions sur les plans psychologiques, éthiques, juridiques et politiques“. 

Dans une acception extensive de l’AI, les formes d’AI visées par l’auteur recouvrent «  des réalités variées, telles que le travail «ordinaire» des algorithmes nourris par les méga- données (big data) fournies via des usages directs (dans les domaines de la mobilité, du rapport à l’énergie, de l’activité sportive, etc.), ou agrégées à distance (et souvent à l’insu) des usagers via leur activité numérique, ou encore les diverses interactions possibles avec la robotique (notamment avec les robots non-humanoïdes, aujourd’hui très nombreux)“.

En conclusion de cet article intitulé Confiance en l’intelligence artificielle et autorité des machines (1), T. Ménissier propose de mettre en place des protocoles expérimentaux pour comparer cette autorité, en plein essor, à celle que peuvent détenir les humains. Il s’agirait de déterminer, en observant les comportements des individus dans différentes situations, par exemple un investissement financier ou un protocole médical, jusqu’à quel point ces nouvelles formes d’autorités pourraient priver les humains d’une part de leur autonomie. 

 

1 – Storia e Politica, XIII n. 2, 2021, pp. 264-288. https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-03341931

“Ce texte est le fruit du travail scientifique qui est mené dans le cadre de la chaire « éthique & IA » soutenue par l’institut pluridisciplinaire en intelligence artificielle MIAI@Grenoble Alpes (ANR-19-P3IA-0003) », précise l’auteur.

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