Quelles sont les possibles utilisations des données génomiques des individus, récoltées dans des objectifs affichés de recherche et développement, notamment en santé prénatale et pour la détection d’anomalies génétiques, auprès des certains hôpitaux européens ? Certains rapports soulignent des risques de sécurité en Europe liées à des utilisations de ces données génomiques par des pays extérieurs (1) et la nécessité pour l’Europe de “s’aligner sur l’intention stratégique et le soutien politique que la Chine accorde à son secteur biotechnologique, à la fois en renforçant l’environnement propice aux investissements locaux et en veillant à ce que la collaboration serve les intérêts de l’UE (2).
Des craintes concernent notamment la société BGI, géant mondial chinois de la génomique. “Les entreprises chinoises telles que BGI sont tenues de partager toutes leurs données avec les autorités de Pékin lorsque celles-ci en font la demande en vertu de la loi nationale sur le renseignement. Il n’existe aucun mécanisme de contrôle permettant aux entreprises de s’opposer à une telle demande. Cette obligation s’applique également à Mindray, un fabricant d’équipements médicaux et de surveillance des patients basé à Shenzhen, qui dessert déjà plus de 660 hôpitaux européens et 60 % de l’ensemble des établissements médicaux. Tout comme BGI, il collecte des données sensibles sur la santé et des données biologiques des citoyens européens (…). Les enjeux sont extrêmement importants ; les données génétiques et sanitaires, de par leur nature même, sont essentielles pour comprendre les aspects les plus intimes de la biologie humaine, animale et végétale. La génomique va stimuler la médecine personnalisée et conduire à des avancées décisives dans le traitement de nouvelles maladies.(…) Pour les adversaires étrangers, les données ADN sont « le nouvel or », et Pékin soutient directement ses « champions nationaux », BGI et MGI, dans le but d’atteindre la domination industrielle mondiale d’ici 2049” (…) Qualifiée par le Pentagone d’« entreprise militaire chinoise », la présence continue de BGI à travers l’Europe devrait inciter les Européens à adopter une approche plus prudente. Il ne s’agit pas d’attiser les flammes du techno-protectionnisme, mais de protéger les droits fondamentaux à la vie privée, à la sécurité et à une gouvernance éthique face à des dangers réels et présents“.
1 – Miriam Lexmann, Juozas Olekas, Bart Groothuis, Reinhard Bütikofer, Anna Fotyga, MEPs. https://www.euronews.com/my-europe/2024/05/31/when-it-comes-to-genomics-de-risking-with-china-is-not-enough
2 – Alexander Brown. Jeroen Groenewegen. Mercator Institute for China Studies. Merics Report. Lab leader, market ascender : China’s rise in biotechnology. Avril 2025. P.3.
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