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Le vieillissement, une fatalité biologique ?

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Depuis la nuit des temps, l’humain cherche à échapper à l’inéluctabilité de la vieillesse et de la mort. L’immortalité nourrit bien des mythes. Au-delà de dieux immortels, de Mathusalem et autres chanceux abreuvés d’élixirs de jouvence, au-delà de la perception du vieillissement et de la mort propre à chaque culture, quelque chose est peut-être en train de changer. Un basculement s’opère en ce que le vieillissement  ne constitue plus tout à fait une fatalité biologique. Parmi les avancées des savoirs dans ce domaine, celles qui concernent les cellules souches, en particulier les cellules souches pluripotentes induites sont spectaculaires. Elles permettent d’affirmer aujourd’hui qu’il est possible d’inverser le vieillissement de certaines cellules chez les souris en les reprogrammant génétiquement pour les faire revenir à un stade antérieur de développement, les stades où elles étaient indifférenciées.  De manière générale, les recherches dans le domaine des cellules souches induisent d’énormes espoirs pour la médecine de régénération. 

Bien des manières de modifier le cours du temps sont à l’étude.  Ces multiples recettes sont passées au crible par Hélène Merle-Béral, dans son livre “L’immortalité biologique” (2) :  la spectaculaire mais très hasardeuse (et onéreuse) cryogénisation, l’hormone DHEA, objet de multiples controverses, la question de la longueur des télomères, encore  incertaine. D’autres pistes restent très prometteuses : les injections de sang jeune, certaines molécules…Validé scientifiquement et autrement plus facile à mettre en oeuvre que la reprogrammation des cellules souches, le régime de restriction calorique gagnerait pour sa part à être davantage connu. Davantage qu’un refus de mourir il s’agit pour beaucoup, de ralentir le vieillissement, autrement dit de vieillir en meilleure santé, voire même – pourquoi pas – de mourir en bonne santé. La porte s’entrouvre assez pour constituer un nouveau domaine de recherche : la géroscience, c’est à dire l’étude scientifique du vieillissement, « une nouvelle discipline qui se concentre sur la mise au point d’une vaste panoplie de moyens pour retarder le vieillissement et prévenir les maladies qui lui sont corrélées ».

En réalité, dans le monde du vivant, le vieillissement n’a jamais été inéluctable.  Citant les exemples des rats-taupe nus et des homards chez les animaux, des cèdres et des cyprès de 7000 et 4000 ans pour les plantes, Hélène Merle-Béral rappelle que «la longévité élevée de certaines espèces d’arbres, la capacité de ces êtres vivants presque immobiles à résister à toute agression pendant des siècles nous apprennent que le vieillissement n’est pas indissociable de la vie ».  Sous sa carapace, le homard ne vieillit pas. Il meurt en raison de l’usure de cette carapace, une fois que la mue ne se produit plus. Le homard a vraisemblablement bien des secrets à livrer… Au delà du métabolisme des homards, l’histoire du vieillissement est donc encore très jeune (3).

 

1 – Hèlène Merle-Bérard. L’immortalité biologique. Paris : Odile Jacob. 2020. 20,90 euros.

3 – Pour aller plus loin sur ce sujet, un débat sur le thème “clarifying whether and to what degree the current anti-aging approaches work in mice or people” est organisée le 11 février prochain par l’association Heales (Sciences pour la longévité en bonne santé).

Heales. https://heales.org/2021/01/05/february-11-2021-workshop-clarifying-whether-and-to-what-degree-the-current-anti-aging-approaches-actually-worked-in-mice-or-people/

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