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The "dual use" en sciences du vivant : l'usage militaire des neurotechnologies

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Si toutes les technologies sont susceptible d’un usage double, civil et militaire, le cas des neurotechnologies suscite une littérature de plus en plus abondante.  Le problème de l’usage double :  la manière de penser la régulation des technologies n’est pas la même dans un usage civil que dans un usage militaire.Visant à l’origine davantage les technologies en microbiologie (virus, microbes),  les armes chimiques et le spectre du bioterrorisme, les préoccupations concernant ce double usage se sont déportées vers les neurotechnologies. Le problème de l’usage double serait même inhérent aux neurosciences, soulignent certains chercheurs.

Le problème du double usage se réfère en premier lieu à la “récupération” de technologies civiles en recherche biomédicale et en santé, pour des objectifs militaires (1). Il peut se référer aussi à un usage partagé, ou bien à des technologies développées au sein de la recherche militaire ultérieurement développées dans le civil, à l’image d’Internet (2). Sans parler des hypothèses d’utilisations malveillantes. La norme DURC, Dual Use Research of Concern, est définie par l’OMS, Organisation Mondiale de la Santé comme “life sciences research that is intended for benefit, but which might easily be misapplied to do harm” (3). Dans ce contexte un label gouvernemental DURC, a été instauré aux Etats-Unis pour prévenir les transferts indésirables de technologie.

Les neurotechnologies concernées sont principalement les Brain-Computer Interface (BCI). Invasives ou non invasives, ces technologies BCI recouvrent l’ensemble des appareils qui opèrent une connexion entre le cerveau et un ordinateur et utilise des algorithmes. Il peut s’agir dans le domaine thérapeutique du contrôle d’un membre paralysé, ou encore du monitoring de l’activité cérébrale. Ces mêmes technologies sont envisagées dans une perpective d’augmentation” du soldat,  pour capter les données neuronales des combattants, adapter les réponses au niveau d’un danger, ou encore de commander des dispositifs par la captation de la pensée. Des dispositifs de détection de mensonge sont aussi évoqués. Cas d’école, le programme REMIND, Restorative Encoding Memory Integration Neural Device,  financé par  la DARPA pour la recherche des pathologies post-traumatiques, a permis des avancées importantes dans la connaissance civile des mécanismes de la mémoire.

 

(1) et (2) Marcello Ienca , Fabrice Jotterand, Bernice S. Elger. From Healthcare to warfare and reverse : how should we regulate dual use neuro-technologies. Neuron 17.12 2017

(3) https://smw.ch/en/article/doi/smw.2018.14688/

 

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