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Si la congélation des ovocytes était autorisée ...

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Une grande partie du CCNE suggère que la possibilité d’une autoconservation ovocytaire de précaution puisse être proposée” : dans son Avis 129 (1), le comité d’éthique, organe consultatif, ouvre la porte à une autorisation de la congélation des ovocytes  dans le cadre de la révision actuelle des lois de bioéthique.  L’objectif de la congélation des gamètes, de préférence entre 30 et 35 ans, est de réduire de “longs et douloureux parcours d’AMP”, Assistance Médicale à la Procréation, et  d’augmenter les dons via les ovocytes vitrifiés non utilisés. 

Le point de départ de la reflexion réside bien sur dans l’âge de plus en plus élevé des femmes pour les maternités. Les explications de ce recul de l’age moyen de la maternité sont, de l’avis de l’Agence de Biomédecine (2), multifactorielles : “l’augmentation de la proportion des femmes de 40 ans à partir de 1986 (conséquence du baby-boom), le report de la première grossesse à mettre en rapport avec l’augmentation de la durée des études, le taux de chômage qui semble retarder la première union, le taux d’activité des femmes qui est passé en 40 ans de 45% à 80% – bien qu’il faille nuancer cette incidence car en France le taux d’activité féminine se maintient avec l’arrivée du premier et du second enfant – ainsi que les souhaits des hommes et femmes de s’engager dans la vie de couple et devenir parents“. L’Agence de Biomédecine  explique les conséquences d’un report de grossesse pour les infertilités et les procédures d’AMP:  “un tel report constitue un risque de se retrouver devant une infertilité liée à l’âge. Une modélisation de Leridon et Slama montre qu’à l’âge de 25 ans le report de la grossesse de 30 mois diminue le nombre moyen d’enfants et augmente la proportion de couples restant involontairement sans enfant de 9,8% à 12,8%…”. La vitrification des ovocytes permettrait  à ces femmes qui ont des enfants plus tard au cours de leur vie de préserver les chances de concevoir un enfant, à l’âge où la fertilité décline, c’est à dire en particulier après 35 ans. 

 Le CNCE suggère qu’une libéralisation des pratiques pourrait constituer ” un espace dans lequel la liberté des femmes pourrait s’exercer sans qu’elles compromettent leur liberté future“. Il s’agit pour l’avenir d’explorer les contours de cette nouvelle liberté présente et future. Un problème récurrent réside dans le fait que les femmes ne sont pas toujours consciente du déclin de la fertilité après 35 ans : “La femme a un stock définitif d’ovocytes à la naissance et les capacités reproductives de la femme vont diminuer avec l’âge à partir de 35 ans et ce drastiquement après 40 ans“.  La première des libertés consisterait donc à davantage faire prendre conscience aux jeunes femmes de cette réalité et aussi de la difficulté des procédures d’AMP, qui aboutissent à un échec dans près de 80% des cas.  Reste évidemment l’hypothèse d’une pression sociale et du monde du travail accrue pour reculer l’âge du premier enfant au profit d’une carrière professionelle, une fois la technologie accessible à toutes les femmes. Difficile de nier que le risque existe, mais est-ce parce qu’un risque existe qu’il faudrait poser une interdiction absolue ? Par ailleurs les contraintes physiques et psychologiques liées aux procédures longues et douloureuses de ponction d’ovocytes impliquent impliquentque l’utilisation de la technologie ne peut en aucun cas être considéré ni comme un confort ni comme une fantaisie. 

Dans l’appréciation de cette nouvelle liberté, il faudra également garder à l’esprit que, une fois le problème de la fertilité tardive résolu, reste celui de mener à terme ces grossesses tardives : “le pourcentage de grossesses non menées à termes (fausses couches) va également s’accroître avec l’âge. S’il est d’environ 12% vers 25 ans, il atteint 20% à 37 ans et 30% à 43 ans et s’accroît drastiquement au-delà” rappelle l’Agence de Biomédecine.

 

 

 

(1) Conseil National Consultatif d’Ethique, CNCE, Avis n°129,  p. 92. http://www.ccne-ethique.fr/fr/actualites/lavis-129-contribution-du-ccne-la-revision-de-la-loi-de-bioethique-est-en-ligne

(2) Agence de biomédecine. Juin 2017. L’age de procréer. https://www.agence-biomedecine.fr/IMG/pdf/2017-co-18_age_de_procre_er_version_finale_14_juin_2017.pdf

 

 

 

 

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