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Reportage au pays des transhumanistes

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A lire : To be a machine, par Marc O’Connell. Granta Books, 2017.

Voyage ironique au pays du transhumanisme, To be a machine est aussi un très sérieux reportage effectué auprès des principales figures du courant de pensée transhumaniste aux Etats-Unis. Nouvelle déclinaison du rêve américain de dépassement des frontières (pas les frontières de l’ouest mais celles de la mort) et de l’accomplissement personnel, le rêve transhumaniste se réalise dans la recherche d’une libération par l’émancipation des contraintes biologiques qui pèsent sur l’homme. L’ironie, du point de vue du journaliste irlandais auteur de l’ouvrage,  est que ce rêve se traduit en réalité par un esclavage à la technologie.  La dépendance à l’intelligence artificielle ou bien une croyance aliénante en une nouvelle vie après la cryogénisation en sont deux exemples. 

Des personnages étonnants surgissent au fil des pages : Max More et sa femme Natasha Vita-More, Anders Sandberg, Nick Bostrom, Ray Rurzweil, Zlotan Istvan ou encore Peter Thiel (bien que pas vraiment identifié comme transhumaniste).  Max More, fondateur du premier mouvement transhumaniste « extropien » dans les années 1970, vécut une enfance et une adolescence nourri d’un mélange de récits épiques et mystiques : la kabbale, la conquête du cosmos, le tout allongé d’une sauce libertarienne. Ce britannique s’est rebaptisé “more” pour signifier, dans son nom même, l’espérance à toujours augmenter ses propres capacités.

Peut-on vraiment exister en dehors de son corps ?  La réponse transhumaniste est oui, évidemment. Randal Kaene, leader de la société Carboncopies, poursuit le vieux graal de l’immortalité dans une version actualisée, l’individu digital : “l’esprit désincarné est central dans la pensée transhumaniste“. Si les transhumanistes se rêvent désincarnés dans une “duplication digitale”, leur corps leur importe assez pour qu’ils souhaitent le conserver le plus longtemps possible, et même après la mort. Le voyage se poursuit ainsi au pays de la cryogénisation, à Alcor, près de Phoenix aux Etats-Unis. Mais davantage que de conservation des corps, c’est bien de lutte contre la mort qu’il s’agit. L’espoir de chacun en ce lieu est de ne jamais être congelé, puisque bientôt sera découvert l’elixir de jouvence : Aubrey de Grey, conseiller scientifique de la société, explique que l’esperance de vie augmentant d’une année chaque année, l’espoir de ne pas mourir pourrait se réaliser.

Il est étrange néanmoins, pointe Mark O’ Connell, que le créateur de l’entreprise se retrouve finalement, dans sa quête de l’immortalité, entouré de cadavres et ainsi pris au piège d’une mort qui n’en finit pas.

 

 

To be a machine, par Marc O’Connell. Granta Books, 2017.

 

 

 

 

 

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