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Qui est transhumaniste, qui ne l'est pas ?

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Qui est transhumaniste, qui ne l’est pas ? Pas facile de s’y retrouver entre :  les transhumanistes fondateurs – mais dont l’engagement est beaucoup moins clair aujourd’hui (Nick Bostrom) (1), ceux qui ne le disent pas – mais dont les écrits montrent qu’ils le sont (Yuval Noah Harari), ceux qui en sont le symbole – alors qu’ils cherchent au contraire à alerter (Laurent Alexandre), ceux qui le sont réellement – mais qui restent méconnus (Marc Roux)(2). Sans oublier ceux qui sont  cités comme tels – mais qui ne l’ont jamais été (Carl Eliott ) (3).

Parmi ces exemples figure en bonne place Nick Bostrom, transhumaniste de la première heure, signataire de la première Déclaration Transhumaniste en 1998. Aujourd’hui professeur à l’Université d’Oxford et directeur du Future of Humanity Institute, N. Bostrom dépense beaucoup plus d’énergie à alerter contre les risques existentiels liées aux nouvelles technologies, en particulier l’intelligence artificielle, qu’à défendre les théories transhumanistes, dont il semble beaucoup moins se préoccuper. Le sociologie Carl Elliott est, pour sa part, l’objet de confusions. Pionnier de la réflexion sur l’amélioration humaine, ses remarquables travaux sur la psychopharmacologie et la publication, en 2004, de Better than Well,  préfacé par Peter D. Kramer, auteur du fameux Listening to Prozac, n’en font pas un transhumaniste. 

Quelle est l’origine de ces confusions ? On peut se demander si la notion de transhumanisme, telle qu’elle a émergée et a été définie dans les années 2000, n’est pas devenue, à l’heure de l’intelligence artificielle, inopérante dans la réflexion sur l’humain et la technique. La renommée des travaux de Yuval Noah Harari, qui oppose deux courants, le “techno-humanisme” et “la religion des données, le dataïsme“, critique le premier en ce qu’il “persiste à voir dans les êtres humains le sommet de la création.. et sanctifie lui aussi la volonté humaine”, et prévient à propos du second :” vous pouvez ne pas souscrire à l’idée que les organismes sont des algorithmes, et que les girafes, les tomates et les êtres humains ne sont que des méthodes différentes de traitement des données. Mais sachez que c’est un dogme scientifique actuel, et qu’il change le monde au point de le rendre méconnaissable (4)”…  pourrait le laisser penser. 

 

(1) Voir le portrait de Nick Bostrom, http://www.anthropotechnie.com/portait-nick-bostrom-un-transhumanisme-pile-et-face/

(2) Marc Roux est le président de l’Association Française Transhumaniste, AFT.

(3) Dans Le temps du Post Humanisme, un diagnostic d’époque, Marc Hunyadi cite de manière étrange et à deux reprises Carl Elliott, une fois comme l’auteur d’un ouvrage qui serait un “classique du transhumanisme” p.49  et une autre fois le classe parmi les “philosophes poshumanistes convaincus de la première heure“. Le temps du Post Humanisme. Un diagnostic d’époque, de Marc Hunyadi. Paris : Les Belles Lettres, 2018. 19 euros.p. 109.  

(4) Homo deus. Une brève histoire de l’avenir. Yuval Noah Harari. Paris : Albin Michel, 2017, p. 396.

 

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