Lien copié

Pour 52% des français, les algorithmes restent un mystère

Share On Facebook
Share On Twitter
Share On Linkedin

Les algorithmes : 52% des français ne savent pas de quoi il s’agit, alors que 80% d’entre eux jugent que leur présence  déjà massive dans la vie de tous les jours (1). Le contraste est saisissant. 

Le chemin est encore long pour apprendre à vivre avec les algorithmes, et bien entendu pour réguler efficacement leur développement. La technique, comme souvent, a précédé la réflexion éthique et politique. Dans la démarche de rattrapage, le dernier-né des rapports, rendu public le 15 décembre dernier, est celui de la CNIL, Commission Nationale Informatique et Libertés.

Une mise au point profitable : l’aspect éthique concerne des principes et des normes juridiques qui seraient mis en oeuvre dans le développement et les applications des algorithmes. Il ne s’agit pas de rendre la machine elle même capable de formuler des jugements de valeur pour trancher des situations inédites : ” des expressions comme « éthique des algorithmes » ou « algorithmes éthiques » ne doivent pas être prises au pied de la lettre et comportent une part d’anthropomorphisme revenant à attribuer des capacités humaines à des machines…” expliquent les auteurs du rapport, se référant au chercheur Gilles Dowek.

Cette confusion levée, la CNIL  propose six recommandations, qui déclineraient un modèle français de gouvernance de l’intelligence artificielle autour de la loyauté et la vigilance (chacun peut y voir en creux les deux lacunes des pratiques algorithmiques contemporaines).  

  1. Former à l’éthique tous les acteurs-maillons de la « chaîne algorithmique »(concepteurs, professionnels, citoyens) : l’alphabétisation au numérique doit permettre à chaque humain de comprendre les ressorts de la machine ;
  2. Rendre les systèmes algorithmiques compréhensibles en renforçant les droits existants et en organisant la médiation avec les utilisateurs ;
  3. Travailler le design des systèmes algorithmiques au service de la liberté humaine, pour contrer l’effet « boîtes noires » ;
  4. Constituer une plateforme nationale d’audit des algorithmes ;
  5. Encourager la recherche sur l’IA éthique et lancer une grande cause nationale participative autour d’un projet de recherche d’intérêt général ;
  6. Renforcer la fonction éthique au sein des entreprises (par exemple, l’élaboration de comités d’éthique, la diffusion de bonnes pratiques sectorielles ou la révision de chartes de déontologie peuvent être envisagées).

Prochaine étape de la réflexion, le rapport Villani attendu pour le début de l’année prochaine.

 

 

(1) Sondage mené par l’IFOP pour la CNIL en janvier 2017 (auprès d’un échantillon de 1001 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus) sur le niveau de notoriété des algorithmes au sein de la population française.

“Comment permettre à l’homme de garder la main ? Les enjeux éthiques des algorithmes et de l’intelligence artificielle”. Synthèse du débat public animé par la CNIL dans le cadre de la mission de réflexion éthique confiée par la loi pour une République Numérique. Décembre 2017, 70 p. : https://www.cnil.fr/sites/default/files/atoms/files/cnil_rapport_garder_la_main_web.pdf

 

 

0 commentaire

Commenter

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Champs obligatoires*