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Organes chimériques : humains en parties

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Fabriquer assez d’organes pour répondre à toutes les demandes de transplantation et sauver des vies, voilà l’objectif de la fabrication de ces chimères, définies comme  “single organism made up of cells of different embbryonic origins (1)”.

Chimères d’hier et d’aujourd’hui
Les chimères d’aujourd’hui véhiculent tout un passé de mythologies et de fantasmes dont elles peinent à se débarrasser. Hier elles faisaient peur et … aujourd’hui aussi. L’appellation “chimère” semble ici peser un poids immense dans la perception de ces nouvelles pratiques. L’urgence est démêler la part d’irrationnel dans les craintes ainsi suscitées des avancées médicales majeures que représentent la fabrication de ces nouveaux organes. Parallèlement doivent être dégagé des principes de bonne conduite dans ces processus inédits d’émergence de vie nouvelle. “Partial humanity“, un article publié dans le Bioethics Journal de la Harvard Medical School s’est attelé à cette tâche, se fixant pour objectif de dégager quelques considérations éthiques pour le recours à des porcs chimériques en vue de transplantation d’organes.  Les annonces spectaculaires se sont multipliées dans ce domaine ces dernières années :  notamment la production des cellules humaines à partir d’embryons chimériques de porc et de cellules souches humaines en janvier 2017. Il semble donc raisonnable, aux yeux des auteurs, d’envisager la production d’organes chimériques dérivés d’humains et d’autres animaux : ” these reports suggest it is possible to grow human-derived organs in chimeric pigs using existing méthodologies“. 

Une protection morale

De quoi avoir peur se demandent les auteurs ? Du franchissement de la barrière d’espèce ? De la modification incontrôlée des génomes des espèces ? En réalité leur préoccupation majeure porte sur le statut moral des donneurs chimériques, qui serait lié en particulier à des traits cognitifs dont l’origine serait humaine. Les auteurs soutiennent dans cet article que les donneurs chimériques partiellement humains doivent se voir reconnaitre un certain degré de protection morale correspondant aux principes reconnus dans le domaine de l’éthique de la transplantation. Les arguments pour ou contre l’admissibilité de ces pratiques reposeraient alors sur le respect de ces pratiques, et non sur une opposition de principe à la fabrication de chimères ” it is of utmost importance that the welfare and interests of chimeric donors be respected to the highest degree possible throughout their life, including peri- and post- operatively“.

Dans l’utilisation des animaux, la force du statut moral reconnu aux espèces est basé sur le degré de capacités cognitives, expliquent les auteurs. Les critères pour les animaux non primates sont ainsi plus permissifs. Le problème est que les effets de l’apport de cellules humaines sur les animaux chimériques n’est pas connu : “the effect of human IPSCs on chimerix cognition is not well unserstood; less so in cortically-sophisticated mammals like the pig… Presuming that partially human chimeric pigs have a heightened moral status would show appropriate humility considering this epistemic limitation“. La solution à ce problème pourrait alors passer par des restrictions dans le type de cellules souches utilisées : ” a method to restrict the fate of pluripotent stem cells to non-neural cell lineages“.

 

 

(1) J.B. Segal, S. Porsdam Mann et Y. Mori. Partial Humanity. Ethical considerations in the use of chimeric ig for human organ transplantation. Bioethics Journal. Harvard Medical School, 

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