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Pan humanisme plutôt que transhumanisme, selon Pascal Picq

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Le transhumanisme est-il un nouvel humanisme ou bien constitue t-il une rupture dans la généalogie des humanismes ? A partir de cette interrogation désormais classique, Pascal Picq propose une anthropologie évolutionniste,  une vaste fresque non seulement de l’évolution du genre humain et de ses idéologies, et aussi de ses maux contemporains. Si le lecteur, parfois se perd un peu dans le dédale des catégorisations – les courants de pensée ne rentrent pas si facilement dans les nombreuses classes d’humanisme proposées – un fil directeur est retrouvé lorsque, dans la deuxième partie du livre, est abordée la critique du transhumanisme, ou plutôt du posthumanisme. 

L’intelligence de l’Evolution

Dans sa réflexion de paléo-anthropologue sur la place de l’homme dans l’histoire de la vie, dans la nature et dans le cosmos, Pascal Picq plaide, pour les années à venir, en faveur d’une approche renouvelées des outils, des techniques et leurs usages, trop négligés jusqu’à présent. Dans cette “co-évolution intelligente et responsable à la fois avec les autres espèces et nos environnement techniques“, le futur du genre humain passe par un humanisme intégratif, un “pan humanisme” qui dépasserait la peur des intelligences artificielles, des intelligences radicalement différentes des intelligences humaines : “Le génie de Darwin est d’avoir compris que, sans diversité les chances d’adaptation se restreignent; le génie de Levi-Strauss est d’avoir compris qu’il en est de même avec les diversités culturelles et linguistiques. Si nous accueillons les robots et les intelligences artificielles avec cette intelligence de l’évolution, alors une autre humanité se mettra en place avec, je l’espère, un nouvel humanisme incluant toutes ces intelligences animales, humaines et artificielles“. Mais l’avenir reste sombre pour l’humain dominateur :  “plus une espèce a du succès, plus elle modifie ses environnements” rappelle P. Picq.

Cloner un mammouth alors que l’on extermine les derniers éléphants.

Le désintérêt des auteurs du courant de pensée transhumanistes pour la gouvernance en général et pour la dégradation de l’environnement terrestre en particulier, constitue sa principale et juste critique d’un mouvement qui met l’homme en dehors de son environnement. Le solutionnisme de nombreux auteurs, qui mettent  en avant par principe une solution technique au lieu de s’interroger sur les causes d’un problème, à mettre les moyens avant les buts, est également dans le viseur de P. Picq, en particulier ceux qui “prétendent cloner un mammouth alors que l’on extermine les derniers éléphants“. 

Dans cet ouvrage foisonnant, on regrettera seulement que l’idée de départ – le transhumanisme vu d’Afrique-  ne soit pas davantage développée, et constitue davantage un prétexte pour articuler la pensée de l’auteur, qu’une interprétation du courant de pensée transhumaniste en dehors des cercles habituels. 

 

Le nouvel âge de l’humanité. Les défis du transhumanisme expliquées à une lycéenne. Paris : Allary Editions, 2018. 329p. 22,90 euros.

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