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Le cerveau humain (2) : l'essence d'un quale

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Comment “capturer l’essence même d’un quale, ce ressenti unique à chacun et impossible à communiquer…”? La définition du quale (pluriel : qualia) explique Pierre-Marie Lledo, auteur de Le cerveau, la machine et l’humain, c’est  : “ l’aspect vécu, intrinsèque, des représentations conscientes. C’est une propriété de la perception qui conduit à une expérience subjective de la sensation. Cette opération mentale qui conduit à transformer la matière en sensation constitue depuis longtemps la plus grande difficulté philosophique et neurobiologie du problème de la conscience“. Autour de cette question de la nature des états mentaux et de la conscience, le débat est intense. L’auteur, directeur du département de neurosciences à l’Institut Pasteur et directeur de recherches au CNRS, remarque qu”étudier la conscience n’est plus un tabou scientifique”

Si les sciences du cerveau sont aujourd’hui impuissantes à capturer l’essence d’un quale, elles permettent quand même d’en savoir plus sur le fonctionnement cérébral. Deux traits, plasticité et incertitude, caractérisent aujourd’hui, selon PM Lledo, le fonctionnement du cerveau.

Premier trait : le cerveau est plastique dans la mesure où il s’améliore en permanence dans la dynamique de son fonctionnement. C’est à dire que les apprentissages reconfigurent le cerveau et  l’amélioration se produit ainsi en continu. “Cette plasticité permet à l’homme d’échapper au déterminisme biologique qui autrement l’enfermerait dans la servitude de la pensée clonée. Elle lui offre en particulier la possibilité de créer et d’imaginer qui distingue Homo Sapiens de ses cousins plus ou poins lointains“. P M Lledo évoque le principe d’autopoïese : “la capacité à se construire soi même en intégrant les changements dans son environnement et dans les éléments de construction disponibles“. Quand à savoir quelle est l’explication de cette plasticité…  Mystère, pour le chercheur l’énigme reste entière .

Deuxième trait : de grandes incertitudes caractérisent le fonctionnement des circuits qui relient les aires cérébrales, le mode de communication entre ces régions et le traitement de l’avalanche d’informations ainsi reçues. La variabilité de ce fonctionnement résulte des possibilités de calculs effectués par le cerveau. Ces calculs seraient marqués d’une grande incertitude dans l'”utilisation des probabilités et du raisonnement inductif“. 

Le livre, empreint d’une grande pédagogie,  vise à faire prendre conscience des révolutions en cours. Les chercheurs serait : “sur le point de décrypter le fonctionnement le plus intime de notre cerveau, d’expliquer comment nos pensées émergent dans notre tête, comment notre mémoire se forme, se transforme et disparaît, mais aussi comment nos facultés cognitives peuvent s’enrichir de nos émotions et d’autres facteurs humoraux dès lors que l’on appréhende le cerveau comme un système ouvert en perpétuel déséquilibre, car soumis aux sollicitations nombreuses de notre environnement ou de nos états internes”.

 PMLLEDO

 Le cerveau, la machine et l’humain, de Pierre Marie Lledo. Odile Jacob, mars 2017.

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