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Implants cérébraux "open-loop" : nouveaux défis éthiques

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Les implants cérébraux open-loop, connectés à une plateforme extérieure et à des algorithmes, sont désormais intelligents. 

Les possibilités de manipulation des signaux cérébraux sont encore balbutiantes. Il est néanmoins possible à l’aide de Brain Comptuter Interface, BCI, de décoder, enregistrer, transformer, relayer certaines données neuronales.  Avec la technologie open loop, le problème du consentement individuel se déploie dans une toute autre envergure. L’appareil, devenu autorité, ajuste automatiquement la réponse thérapeutique à une situation perçue. Même si cette autorité ressort du domaine médical, la mise au point du nouveau procédé  suscite, outre les évidentes précautions d’usage,  des interrogations de fond. 

Se profile ainsi  le problème du caractère prédictif de certains programmes de santé. Dans l’exemple de nano-implants installés dans le cerveau de personnes souffrant d’épilepsie, des algorithmes prédictifs permettent de percevoir des signaux précurseurs des déclenchements de crise et de les éviter automatiquement à l’aide de stimulations électriques adaptées. Ce qui revient, explique le philosophe australien Frederic Gilbert (1) à modifier le comportement de la personne de manière automatisée.  Dans ce cas de consentement à ne plus consentir, c’est bien le caractère automatique des interventions thérapeutiques qui pose problème. Il s’agit alors de définir qui prend les décisions de recourir à ces appareils, dans quelles conditions et selon quelles justifications.

Closed loop ou open loop, le recours à l’utilisation d’implants cérébraux thérapeutiques est de manière générale spectaculaire. Il est aujourd’hui possible d’actionner des bras paralysés via la digitalisation du signal cérebral. Quand le signal de l’intention émerge dans l’activité neuronale du cortex, il est détecté par des implants placés dans le cerveau, digitalisé puis transmis à des électrodes placées dans les bras, lesquels peuvent alors s’activer. Le système est aussi utilisé pour des pathologies du langage, des TOC, des dépressions et des pathologies de l’humeur. Sans oublier les quelques 150 000 personnes qui  reçoivent des stimulations (DBS, Deep Brain Stimulation) afin d’atténuer les symptômes de la maladie de Parkinson. 

Du point de vue des droits fondamentaux des individus, deux catégories d’interrogations se distinguent dans l’idée d’un cerveau accessible et modifiable. D’une part les interrogations liées aux nouvelles possibilités de  lire, manipuler et même prédire le cerveau. D’autre part les interrogations liées au caractère automatique des transformations effectuées par des algorithmes et des machines automatisées. Les neurobiologistes parlent de  neuromodulation. Euphémisme ?

   

1-  Frederic Gilbert. Threat to Autonomy? The Intrusion of Predictive Brain Implants. University of Tasmania.  AJOB Neurosciences AJOB Neuroscience, 6(4): 4–11, 2015.

2 -Andrea Lavazza. Freedom of Thought and Mental Integrity: The Moral Requirements for Any Neural Prosthesis. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29515355

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