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La Ritaline affecte t-elle la personnalité des enfants ? L'avis des parents.

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La personnalité des enfants ne serait plus la même, une fois entamé un traitement de Ritaline pour améliorer l’attention, ou bien les séances de stimulation éléctromagnétique intercranienne, tDCS, transcranial direct current stimulation (1,2) ? L’amélioration biomédicale des capacités cognitive des enfants affecterait-elle leur personnalité ?

Selon une étude récente (3), les parents seraient réticents à une amélioration biomédicale de traits fondamentaux des enfants. Les traits fondamentaux tels que la motivation ou l’empathie caractériseraient le profil psychologique et donc l’identité des enfants. Les parents se déclarent à l’inverse beaucoup moins gênés par une amélioration de capacités de calcul ou de l’humeur, qui serait plus simplement liées à des réalisations.

Deux questions se posent. La première question soulevée porte sur cette distinction effectuée entre des traits qui seraient fondamentaux pour la personnalité d’un enfant et d’autres traits. Selon l’étude mentionnée ci-dessus,  les parents craignent d’altérer les premiers et non les seconds. Une autre étude publiée en 2008 «Preference for Enhancement Phamaceuticals: the Reluctance to Enhance Fundamentals Traits (4 et 5)” avait amené aux mêmes conclusions. Les personnes interrogées s’avéraient plus réticentes envers l’amélioration de traits qui apparaissent comme fondamentaux pour leur propre identité – le confort dans les relations sociales par la diminution de l’anxiété ou de l’émotivité, par exemple – qu’envers des traits considérés comme moins fondamentaux – l’attention, par exemple. On peut objecter à cette distinction que tout se compense dans le cerveau. Certes, les modalités de cette compensation sont encore largement inconnues. Mais dans ce contexte, est-il vraiment pertinent de distinguer des traits qui seraient fondamentaux d’autres traits, qui seraient simplement “déclencheurs” de réalisations.

La seconde interrogation est la suivante : se peut-il que les interventions biomédicales évoquées affecte l’identité des enfants et l’authenticité, condition de cette identité, voire un caractère « naturel» – dans le sens de conforme à l’origine- de cette identité.  Le soupçon de la transformation des états mentaux des enfants, d’une “défaite des identités” à travers les transformations biomédicales, a été examiné par Jean-Michel Besnier dans  son ouvrage Demain les posthumains, le futur a t-il encore besoin de nous? Aujourd’hui, le concept d’une plasticité cérébrale, d’un cerveau qui se transforme en permanence sous l’effet de ses propres expériences, enlève du poids à ces arguments. Chaque expérience dans le développement cognitif de l’enfant est à la fois réversible et irréversible.  Irréversible car chaque expérience laisse des traces. Réversible car de nouvelles expériences recouvrent l’expérience précédente. Où se situe alors le caractère “original” d’un fonctionnement cérébral dès lors qu’il se transforme en permanence ? Il est aisé de trouver des valeurs de départ, pas des valeurs de permanence.

 

 

1-Cette dernière méthode consiste en une stimulation des capacité cérébrales par l’envoi d’un courant de faible intensité à travers le cuir chevelu. Ce moyen non invasif est peu utilisé, peu précis et mal régulé

3- Wexler, A. (2016a). A pragmatic analysis of the regulation of consumer transcranial direct current stimulation (tDCS) devices in the United States. Journal of Law and the Biosciences, 2(3), 669–696. https:// doi.org/10.1093/jlb/lsv039.

3- Hannah Maslen, Justin Oakley & Julian Savulescu Would you be willing to zap your child’s brain? Public perspectives on parental responsibilities and the ethics of enhancing children with transcranial direct current stimulationKaty Wagner, AJOB Empirical Bioethics Vol. 0, Iss. ja, 2018

4 – Jason RIIS, Joseph P. SIMMONS et Geoffrey P. GOODWIN. Preferences for Enhancement Pharmaceuticals. Journal of Consumer Research, octobre 2008, vol. 35, no 3, p. 495-508.

5 –  Cité dans Julian SAVULESCU et Nick BOSTROM. Human Enhancement, p. 8.

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