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Robots sociaux : vers un permis d'utilisation ?

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Le marché des robots sociaux représentera 100 milliards d’euros en 2020 (1) soit un marché multiplié par 30 en dix ans, explique Laurence Devillers, auteur du livre Des robots et des hommes.

Les robots sociaux simulent avec talent des relations affectives avec les enfants, les personnes âgées, les clients d’un magasin… La robotique sociale ” vise à créer des robots capables de s’insérer dans un processus dynamique d’interaction verbale avec l’humain, fondé sur la base de l’expression affective et permettant de prédire nos intentions d’actions réciproques“. 

Il est beaucoup question dans l’ouvrage de régulation des applications de l’intelligence artificielle. Comment contrôler une intelligence artificielle qui procure aux robots leur autonomie et déclenche les actions? L’étude de standards communs, rappelle l’auteur, est coordonnée au plan international par l’IEEE qui regroupe 160 pays. La régulation est souhaitée à la fois dans les processus de conception et de fabrication mais aussi  dans l’utilisation des robots. L’auteur évoque non seulement une autorisation de mise sur le marché mais aussi un permis d’utilisation car : “une (telle) utilisation préalable est insuffisante quand les systèmes deviennent adaptatifs, et que l’on peut les entraîner à adopter des comportements très variés“. Certains algorithmes d’apprentissages, reconnait l’auteurpeuvent aussi eux-même “modifier leurs connaissances au cours de leur utilisation” en fonction de leur environnement. Ils peuvent ainsi présenter ainsi une boîte noire, un fonctionnement “par renforcement” non supervisé, donc non transparent. On pense bien sûr au mensonge. Mentir constituerait un très vilain défaut – pour un robot aussi.

L’irruption de robots touchants et attendrissants dans la vie sociale pose le  problème de l’anthropomorphisme,  régulièrement soulevé par le psychiatre et psychanalyste  Serge Tisseron.  Le livre Des robots et des hommes,  soulève beaucoup de questions à ce sujet. De manière surprenante l’auteur évoque une éducation des robots, alors que l’on imaginerait plutôt des réglages de machines. L. Devillers évoque des robots qui seraient “incarnés“, et mêle ainsi  dans une même terminologie les fondements de l’humain et ceux de la machine.  Bien loin alors de Merleau Ponty, de la phénoménologie du corps propre, le corps de chair qui serait un point d’entrée de l’humanité. Certes, l’auteur souligne que le robot n’est que simulation : “si le robot a des états internes émotionnels, ce n’est qu’un codage” écrit Laurence Devilllers. Mais puisqu’il s’agit d’un codage, peut on vraiment parler d’émotions ? Si les robots simulent des relations affectives, ressentent-ils pour autant ce qu’on appelle des émotions ? Si le terme recouvre des états proprement humains liés au corps de chair, peut-être serait-il temps d’inventer un vocabulaire qui serait propre à cette robotique sociale en pleine effervescence.

DES ROBOTS ET DES HOMMES

(1) Laurence Devillers. Des robots et des hommes. Paris : Plon 2017.

 

Source : Commission européenne

 

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