A lire : The next frontier, Brain-computer interfaces may change what it means to be human. The Economist du 6 janvier 2018. p7.

La course à la maitrise du cerveau et de la pensée est lancée. Le magazine britannique prend la mesure des bouleversements à venir : “By turning the firing of neurons into a resource to be harnessed , BCIs may change the idea of what it means to be humans ». Les auteurs de ce dossier spécial estiment que l’exercice de nouveaux pouvoirs par la pensée, via des puces connectées, est bel et bien réalisable. Cette augmentation des capacités humaines, via une connexion extérieure, va de pair avec des interrogations inédites, notamment :

• Sécurité : comment se prémunir contre une nouvelle vulnérabilité : la possibilité de hacker les fonctions cérébrales.
• Identité : que va devenir le “for intérieur” ?
• Egalité : comment assurer l’accès à tous de ces technologies ?

La recherche sur le cerveau focalise à la fois les objectifs des militaires et des industriels de la Silicon Valley. Le rythme et les objectifs de la recherche sur les BCIs s’accroit sous l’effet de ces pressions conjuguées et sous l’impulsion d’énormes investissements dans la recherche. Facebook vise la transmission directe pensée-texte, une forme de télépathie entre le cerveau et l’ordinateur, Neuralink, la société crée par Elon Musk le développement d’ implants neuronaux en dentelle “neural lace ».  Dans quelques décennies ces nouvelles techniques pourraient émerger, sous réserve que les obstacles suivants soient levés :

• Les obstacles technologiques : accéder au cerveau via des implants miniaturisés sans provoquer de dégâts et cibler les bons neurones en nombre suffisant.
• Les obstacles scientifiques : le fonctionnement du cerveau est encore largement inconnu. Et il est difficile d’expérimenter sur des humains.
• Les obstacles commerciaux : l’utilité de la nouvelle technologie doit être assez forte pour en justifier les énormes inconvénients, à commencer par l’intrusion dans le cerveau humain.

La porte d’entrée pour accéder à ces futures applications réside aujourd’hui dans la recherche médicale : faire bouger des personnes paralysées, entendre des personnes sourdes, stabiliser des personnes atteintes de dépression… Il est aujourd’hui possible d’actionner des bras paralysés via la digitalisation du signal cérebral. Quand le signal de l’intention émerge dans l’activité neuronale du cortex, il est détecté par des implants placés dans le cerveau, digitalisé et transmis à des électrodes placées dans les bras, lesquels peuvent alors s’activer. Autre exemple : afin d’atténuer les sympômes de la maladie de Parkinson, 150 000 personnes recoivent des stimulations (Deep Brain Stimulation) via des electrodes. Quelques 300 000 personnes sont équipées d’ implants cochlear qui transforment le son en signal électrique et l’envoient ensuite au cerveau.